La Fondation « Zanmi Timoun » interpelle l’État haïtien à agir face à la situation des enfants déportés de la République Dominicaine
Durant ces dix dernières années, la question migratoire fait écho partout dans le monde et Haïti obtient une grande popularité par la migration massive des haïtiens dans plusieurs pays de la région depuis des années. Haïti fait l’objet de débat au niveau régional et international et on assiste encore aux expulsions brutales et illégales des concitoyens/nes haïtiens et haïtiennes, souvent accompagnés/es de leurs enfants, dans des conditions inhumaines. La Fondation « Zanmi Timoun », organisation travaillant dans la protection de l’enfance, lance un cri d’alarme aux autorités étatiques pour qu’elles prennent leurs responsabilités envers les expulsés/es particulièrement les enfants.
Ainsi, Haïti subi presque chaque année des crises socio-économiques et politiques importants tel que l’insécurité, la faim, les catastrophes naturelles et le taux de chômage explosif, etc… Ces évènements traumatisants obligent les gens qui vivent sous le seuil de la pauvreté et livrés à eux-mêmes, d’aller se réfugier en République Dominicaine, très souvent de manière clandestine. Vu le développement de l’infrastructure et l’agriculture dans le pays voisin, l’appellation de la main d’œuvre dans les champs et dans la construction entre autres, ont attiré un grand nombre de migrants haïtiens en République Dominicaine. De là, ils pensent se sentir mieux vu que certains de leurs parents ont des difficultés économiques.
La Fondation « Zanmi Timoun » souligne qu’avec l’arrivée de Luis Abinader à la présidence de la République Dominicaine en mai 2020, les comportements et pratiques discriminatoires s’intensifient. Les cas de déportations se multiplient surtout après l’assassinat du Président Jovenel Moïse et l’aggravation de l’insécurité qui règne dans la société haïtienne. De plus, la République Dominicaine continue de rapatrier les citoyens/nes, haïtiens/nes dont plusieurs mineurs; ces derniers, certaines fois, ne sont pas accompagnés de leurs parents. À rappeler que toutes ces expulsions se font en dehors de toutes les normes légales, les conventions régionales et internationales, particulièrement celles qui se trouvent dans l’article 22 de la Convention Internationale relative aux droits de l’enfant.
La Fondation « Zanmi Timoun » rappelle que parmi les points frontaliers officiels, la ville de Belladère est l’une des Communes frontalières où l’on retrouve plus d’enfants rapatriés. « Zanmi Timoun » souligne que les mois de janvier à août 2021, l’organisation a recensé 177 enfants rapatriés de la République Dominicaine, dont 27 fillettes. Alors que pour seulement les mois de septembre à décembre 2021, 192 autres enfants sont rapatriés dont 96 non accompagnés par les autorités dominicaines et la Cosejo Nacional para la Ninez y la Adolescencia (CONANI). Ces enfants, étaient dépourvus de documents d’identification, leurs vêtements étaient crasseux, certains d’entre eux n’avaient même pas de chaussures, d’autres torses nus ou à moitié couvert. Les conditions de rapatriement des autorités dominicaines violent les prescrits des lois de l’immigration. Celles-ci peuvent entrainer des traumatismes chez les enfants et provoquent un dysfonctionnement psychique. Ce que les psychologues de l’organisation relatent dans les rapports des entretiens avec ces enfants. Ils sont dans un état dépressif, de la honte, de la culpabilité, de la colère, de la peur, de l’agressivité et même de l’apathie.
La Fondation « Zanmi Timoun » profite de la journée internationale de la migration célébrée chaque 18 décembre pour exhorter l’État haïtien d’honorer ses engagements envers le peuple haïtien et d’agir rapidement pour l’amélioration des conditions de rapatriement des migrants, spécialement les enfants. L’État a l’injonction de leur apporter son soutien social et son dévouement dans cette situation humiliante. La Fondation « Zanmi Timoun » exige de l’État haïtien des relations diplomatiques plus dynamiques et équilibrées avec la République Dominicaine, qui permettraient de bien protéger les droits fondamentaux des haïtiens et haïtiennes, spécialement les droits des enfants.
Fait à Port-au-Prince, le 17 Décembre 2021
Joseph Richard FORTUNÉ
Responsable de Communication
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