La Fondation « Zanmi Timoun » demande au gouvernement haïtien de mettre en place des conditions adéquates pour faciliter l’égalité des chances en Haïti
Parler de l’égalité des chances, c’est avant tout faire référence à l’ensemble de possibilités qu’une société offre aux individus qui la compose en vue de leur développement social, indépendamment des caractéristiques morales, ethniques, religieuses, financières et sociales. Pourtant, en Haïti, force est de constater que l’égalité des chances n’est pas réelle, même si l’on affirme que les êtres humains dont les enfants ont tous des droits à la liberté et à la dignité. En se référant à la constitution haïtienne de 1987 « les droits à l’égalité doivent s’appliquer à tous sans distinction de race, de sexe, d’origine ethnique, de couleur ou d’âge ». Ceux qui souffrent de déficiences mentales, morales ou physiques, sont égaux devant la loi et ont droit à la même protection et au même bénéfice. Tout être humain est égal devant la loi, qu’il soit riche ou pauvre qu’il soit inculte ou cultivé (art. 18 ; 19 ; 23). En cette date de la célébration de la journée mondiale de l’égalité des chances ce 5 décembre 2023, la Fondation « Zanmi Timoun » profite de cette occasion pour demander à l’Etat haïtien de mettre en œuvre des mécanismes pour l’effectivité de l’égalité des chances à l’égard des jeunes et des enfants.
De nos jours, la situation est encore plus défavorable à une égalité des chances dans le pays. Si l’égalité des chances suppose que des moyens importants (santé, logement, éducation …) soient socialement mobilisés pour que chaque nouvelle génération ait une chance égale, un simple coup d’œil sur des sources combinées prouve le manque qui existe dans ces domaines précités. Prenons d’abord la santé, si l’on se réfère aux statiques du MSPP, en 2021, Haïti comptait 11 887 456 habitants dont 50,4% de femmes et 49,06% d’hommes. Selon les normes de l’Organisation Mondiales de la Santé (OMS), le pays devrait disposer d’un hôpital pour 150 000 habitants, d’un centre de santé pour 5000 habitants, d’un médecin pour 5000 habitants, d’une infirmière pour 300 habitants, d’un lit d’hôpital pour 1000 habitants et d’une sage-femme pour 300 femmes en âge de procréer. Considérant le nombre de lits disponibles, la situation est très éloignée de ces normes, puisqu’en moyenne on arrive à 6,7 lits pour 100 000 habitants, soit 0,6 pour 1000.
Pour le logement, si le droit au logement décent figure dans un grand document international comme la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en Haïti, il n’y a pas de politique de logement. Ce n’est peut-être pas la priorité du gouvernement. La question du logement est une affaire exclusive du secteur privé. Ce qui provoque une grande irrégularité au niveau des prix des loyers dans le pays.
Dans le système éducatif, le coût de l’éducation et le manque de services publics constituent un obstacle à l’accès des enfants à une éducation de qualité. Le système est dominé par le secteur privé à plus de 85%. Les événements liés à l’insécurité renforcent la crise de l’apprentissage à laquelle est confronté le pays. Les violences armées à répétition ont entrainé à la fermeture et au déplacement de nombreuses écoles, privant de nombreux d’enfants d’accès à l’éducation. Ce qui impliquerait par conséquent la délinquance juvénile et l’immigration massive des jeunes.
En outre, la loi garantit le droit à l’identité tandis que, au Centre de Transit de la fondation « Zanmi Timoun » à Belladère, on a accueilli beaucoup d’Enfants Non Accompagnés (ENA) qui ne détiennent pas encore leur acte de naissance. Comment insérer quelqu’un qui n’a aucune pièce d’identité sur le marché du travail ou dans le système éducatif ? Malgré les efforts de la fondation « Zanmi Timoun » et tant d’autres organisations des droits Humains, l’enregistrement à l’état civil reste encore un problème à résoudre dans le pays, particulièrement les zones rurales.
Fort de ce constat, l’égalité des chances paraît comme un grand défi en Haïti. C’est pourquoi la fondation « Zanmi Timoun », organisme défendant et promouvant les droits de l’Enfant, exige à l’État de mettre en place des conditions favorables à une égalité des chances réelle en Haïti. Il est nécessaire de prendre des mesures adéquates pour que les haïtiens/nes en général et les enfants en particulier soient traités de plus en plus comme égaux dans le pays. Il faut impérativement réduire l’injustice sociale en donnant à chacun une chance réellement égale de parvenir aux plus hautes destinées tout en assurant à tous et toutes les satisfactions des besoins essentiels.
Fait à Port-au-Prince, le 5 décembre 2023
Manoach PRESNA
Responsable de Programmes
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