Entre crise sociopolitique et grèves des professeurs, l’année scolaire en fait les frais constate la Fondation « Zanmi Timoun »
Le 20 juin 2022, le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) a publié le calendrier scolaire pour l’année académique 2022-2023. Dans ce calendrier officiel, 191 jours de classe étaient prévus par les autorités ministérielles et la rentrée des classes a été fixée pour le lundi 5 septembre 2022. Entre insécurité, rareté de carburant et différentes crises sociopolitiques qui affectent le pays, la Fondation « Zanmi Timoun » constate que l’année scolaire 2022-2023 est fortement sabrée.
La Fondation « Zanmi Timoun » rappelle que la rentrée scolaire qui était prévue pour le mois de septembre 2022, n’a pas pu avoir lieu en raison des mouvements de protestation lancés à travers le pays pour dénoncer la décision du gouvernement d’augmenter les prix des produits pétroliers. La réouverture s’était faite “tipa tipa” soit progressivement à partir du mois de novembre 2022 comme avait fait savoir le ministre de l’éducation nationale. À la suite de ces événements, le calendrier a dû être mis à jour. À cet effet, le 16 décembre 2022, le MENFP avait publié un nouveau calendrier qui prévoyait 142 jours de classe de janvier à août 2023. Néanmoins, les troubles survenus à l’assassinat d’environ 14 policiers en janvier 2023, ont causé une paralysie des activités scolaires dans diverses régions du pays. De plus, le lundi 6 mars 2023, plusieurs écoles privées au Centre-ville de Port-au-Prince ont dû fermer leurs portes à cause de l’insécurité et des actes de criminalité. Il faut souligner que plusieurs autres écoles privées et publiques dans diverses autres communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince avaient déjà fermé leurs portes en raison des gangs armés qui sévissent dans les localités où elles se situent.
De plus, la grève des professeurs du secteur public qui a débuté en avril perdure encore. Cette situation de grève prolongée entrave les activités scolaires de plusieurs lycées et écoles nationales alors que les échéanciers des examens d’État avancent à grands pas. Dans plusieurs villes du pays, les lycéens/lycéennes ont organisé différents mouvements de protestation dans le but de forcer les autorités du MENFP à répondre aux revendications des professeurs. Cependant, aucune réponse concrète ne semble être apportée aux revendications des protestataires, malgré certaines promesses du Ministre de l’éducation nationale, monsieur Nesmy MANIGAT. Outre les violences armées, il faut prendre en compte les troubles sociopolitiques qui ont également un impact négatif sur la capacité d’apprentissage des élèves, en majorité des jeunes adolescentes et adolescents. En effet, ces événements peuvent provoquer de l’anxiété, des syndromes de stress post-traumatique et autres pouvant affecter la formation des apprenants sur le long terme.
Fort de ces constats, la Fondation « Zanmi Timoun », organisme de promotion et de défense des droits de l’Enfant exhorte l’État de tout mettre en place afin de garantir le droit à l’éducation et à s’abstenir de toute action portant atteinte à ce droit. De plus, la Fondation « Zanmi Timoun » recommande également au gouvernement de la République, particulièrement, le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle de prendre les dispositions nécessaires pour satisfaire les revendications des enseignants et enseignantes grévistes. Et, de permettre à tous les enfants et les jeunes d’Haïti d’avoir accès à une éducation de qualité, la seule et unique voie pouvant mener au développement social et économique du pays.
Fait à Port-au-Prince, le 9 juin 2023
Besnard FELIX
Responsable d’Assistance Psychologique
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