La Fondation « Zanmi Timoun » s’alarme de la situation des victimes de la traite de personnes en Haïti, dont des milliers d’enfants vulnérables
À l’occasion du 30 juillet 2023, journée mondiale de la dignité des victimes de la traite des êtres humains, la Fondation « Zanmi Timoun » s’indigne devant les actes assimilables à la traite de personnes en Haïti. La situation d’extrême pauvreté dans laquelle vit des milliers d’enfants haïtiens sont favorables à la traite des enfants à travers les adoptions internationales et la mise en place des orphelinats qui ne respectent pas les normes nationales et internationales. De plus, nombreux enfants haïtiens sont victimes de la traite vers la République Dominicaine à des fins de mendicité, de la prostitution et d’autres formes de pratiques illicites affectant leur dignité. Du côté d’Haïti, environ 300 mille enfants en situation de domesticité vivent toujours sans protection de l’État et loin de leurs parents en violation de leurs droits garantis par la Loi haïtienne et la convention internationale relative aux droits de l’Enfant.
La Fondation « Zanmi Timoun » s’alarme également devant la montée des cas d’enlèvements, suivis de séquestration contre rançons qui sévit en Haïti. Ce commerce lucratif d’être humain (enfants, femmes hommes) instauré en Haïti par les groupes armés et leurs complices aux différents niveaux de la société est la pire forme d’insécurité et de criminalité que confronte le pays durant les deux dernières années. Malgré la rigueur de la Loi haïtienne, aucune condamnation des trafiquants de traite de personnes n’est prononcée par les tribunaux haïtiens durant trois années consécutives. En sens, la Fondation « Zanmi Timoun » se sent préoccupée par le non-respect du protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. Cet instrument international a été ratifié par l’État haïtien en 2009.
Considérée comme une forme de l’esclavage moderne, la traite de personnes constitue un affront à la dignité humaine et aux droits humains. Pourtant, ce phénomène est encore en pleine expansion dans le monde. Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants sont vendus et achetés comme des marchandises à des fins du proxénétisme, du travail forcé, du prélèvement d’organes et d’autres actes illicites en violation du droit international des droits de l’Homme. Cette activité illégale engendre un grand nombre de victimes est estimée à près de 25 millions de personnes selon l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC).
Dans le contexte national haïtien, les migrants clandestins et les enfants en domesticité se trouvent parmi les victimes favorites de la traite de personnes. Les efforts des autorités haïtiennes dans la lutte pour l’éradication de la traite des êtres humains sont réduits en raison de plusieurs facteurs néfastes qui affaiblissent l’État tels que : la corruption, la violence généralisée des gangs, l’instabilité institutionnelle, la crise politique, l’extrême pauvreté, entre autres. C’est la raison pour laquelle Haïti est restée sur la liste de surveillance de niveau 2 du département d’État des États-Unis d’Amérique pour la troisième année consécutive. Pour éviter de tomber dans la catégorie 3, qui correspond au plus bas niveau de l’évaluation, des efforts doivent être déployés pour lutter contre le phénomène en Haïti. La Fondation « Zanmi Timoun » note qu’une série de recommandations a adressée au gouvernement haïtien dans le dernier rapport du département d’État des États Unis d’Amérique. Ces recommandations servent de base pour un plan d’actions 2023-2024 contre la traite des humains élaboré pour Haïti par le Comité National de Lutte contre la Traite de Personnes (CNLTP). Ce plan renferme les stratégies de renforcement des efforts de sensibilisation, d’assistance, d’accompagnement des victimes et du renforcement du cadre légal contre la traite de personnes en Haïti.
Vu les circonstances actuelles favorisant toutes les formes de violations des droits humains, dont la traite des enfants, la Fondation « Zanmi Timoun » encourage le gouvernement provisoire à créer un climat sécuritaire afin d’améliorer les conditions de vie de la population haïtienne. La Fondation « Zanmi Timoun » en tant qu’organisme des droits de l’Enfant croit que le gouvernement doit également enquêter sur tous les cas de traite pour empêcher qu’Haïti soit tombée dans le niveau 3 en 2024. Cette situation pourrait entrainer de graves sanctions internationales contre la République d’Haïti, dont le gel des fonds destinés aux services sociaux à la population. En fin, la Fondation « Zanmi Timoun » demande d’appliquer rigoureusement la loi sur la traite de personnes pour punir les coupables et protéger les victimes en particulier les enfants en Haïti.
Fait à Port-au-Prince, le 30 juillet 2023
Manoach PRESNA
Responsable de Programme
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