Note de presse

La Fondation « Zanmi Timoun » demande à l’État haïtien de pencher sur la situation des mineurs/res détenus/es dans la prison civile de Jérémie

La Fondation « Zanmi Timoun » organisme de défense et de la promotion de Droit de l’Enfant se sent indignée devant les conditions de vie des mineurs/res détenus/es dans les prisons civiles du pays. En outre, elle profite pour condamner avec la plus grande rigueur la négligence de l’État haïtien face aux réalités des centres de détention des mineures/res ayant conduit à la mort du jeune détenu, dénommé Laurent Cedernier, à l’hôpital Saint Hélène de Jérémie, suite à une crise d’asthme. La Fondation « Zanmi Timoun » demande à l’Etat Haïtien de respecter et faire appliquer la loi du 7 septembre 1961, le décret du 20 novembre 1961 et les règles minima des Nations-Unies pour le traitement des détenus appelées aussi règles de Tokyo, règles de Beijing pour ne parler que de ces règles au niveau national et international.
Le système judiciaire haïtien plonge le pays dans une véritable léthargie qui a suscité des malaises au sein de la société. Cela ne semble pas trop dérangé les dirigeants en place puisque la crise institutionnelle à laquelle fait face le pays les favorise dans bien des cas, malheureusement le désordre s’y installe. Dans le département de la Grand’Anse, notamment à Jérémie Laurent Cedernier a été incarcéré depuis plus de 6 ans et ne s’était jamais présenté par devant un juge pour enfant jusqu’à la mort brutale de celui-ci à 23 ans. Selon l’actuelle Coordonnatrice de l’Institut du Bien-être Social et de Recherches dans le département de la Grand’Anse, Marie Garlène DUPOUX, cette pratique est bel et bien installée dans le département, puisqu’à la prison civile de Jérémie 18 mineurs/res se retrouvent en détention préventive prolongée. Celle-ci représente le plus grand obstacle du système judiciaire de la région. De plus, cela fait déjà 3 ans qu’il n’y a plus de Juge pour Enfants dans ledit département.
En effet, la violation des Droits de l’Enfant est très répétée dans la société haïtienne et constitue une priorité de tout État qui respecte ses citoyens /nes. Malgré la reconnaissance du texte juridique universel en droit de l’enfant, la Convention relative au Droit de l’Enfant, l’Etat haïtien ne cesse de violer, bafouer ces droits. Qui plus est, ces droits forment l’essence de la constitution haïtienne de 1987 amendée, en ses articles 19 et suivants. En revanche, respecter les droits de l’Enfant constituent un véritable défi pour l’Etat haïtien, compte tenu de la crise sociopolitique, économique et l’insécurité qui s’abattent sur le pays depuis plusieurs années et qui a de grandes conséquences sur l’appareil judiciaire.
La Fondation « Zanmi Timoun » demande à l’État haïtien de se pencher sur le cas de ces mineurs/res et de s’assurer, en toute urgence, des obsèques du jeune Laurent Cedernier. Dans le cas contraire sa dépouille risquerait d’être jetée dans une fosse commune, toujours selon la Coordonnatrice. De plus, Zanmi Timoun exhorte l’État haïtien de s’assurer du bon fonctionnement des trois (3) tribunaux pour enfants (Port-au-Prince, Cayes, Cap-Haïtien) et en créer d’autres afin de pouvoir réduire la détention préventive prolongée.

 

Fait à Port-au-Prince, le 18 avril 2022

 

Joseph Richard FORTUNÉ
Responsable de Communication
Tél : 509 3187 73 63