Note de presse

Détérioration de la situation sécuritaire à Mariani : des civils armés menaçant les droits des enfants dans le pays

La Fondation « Zanmi Timoun » est très alarmée par l’atmosphère de tension qui prévaut, depuis le mois de novembre 2023 à Mariani, localité située dans la commune de Gressier. La présence et les atrocités des groupes armés obstruent la route nationale donnant accès à 4 départements géographiques du pays et menacent systématiquement les droits des habitants et habitantes de la zone. L’impuissance des forces de l’ordre et l’insouciance de l’État haïtien ont permis aux bandes armées d’intensifier leurs exactions dans d’autres localités affectant ainsi les droits fondamentaux de la population. En effet, depuis plusieurs mois, les habitants de Mariani vivent dans des conditions difficiles sur le plan social et économique. Les alliés du gang de Grand-Ravine et de Village de Dieu ont assiégés cette localité depuis le 1er novembre 2023 et commettent des atrocités contre toutes les catégories de personnes devant l’impuissante et la passivité des autorités gouvernementales et policières. Cette situation a entrainé le déplacement de nombreux enfants et paralysé toutes les activités de la zone, dont les hôpitaux, les écoles, les églises et les marchés publics. Face à cette dérive, la Fondation « Zanmi Timoun », organisme de défenses des droits des enfants, demande à l’État haïtien de prendre les dispositions nécessaires pour créer un climat propice pour la sécurité et la protection de la population, dont les enfants haïtiens.

En effet, la grande majorité des résidents et des résidentes, préoccupés, es et effrayés, es, ont fui les lieux et laissent derrière eux et elles tous leurs effets. Depuis leur arrivée, les bandes armés ont semé la panique au sein de la population et ont paralysé l’entrée sud de la capitale haïtienne, rendant plus difficile la vie de la population. Toutefois, en dépit certains efforts de la Police Nationale d’Haïti pour reprendre le contrôle de cette zone sous l’emprise de ces groupes armés, la situation reste préoccupante. Ces hommes armés arrivent souvent à défier la Police Nationale d’Haïti qui dispose de moyens limités pour faire face à la complexité de la situation.

Par ailleurs, la situation continue à prendre de plus en plus d’ampleur en devenant plus violente et plus intense chaque jour violant systématiquement les droits et libertés. Depuis l’attaque à Mariani, les école de la zone et des environs sont restés fermées, ce qui impact directement l’accès à l’éducation de nombreux enfants. L’éducation, étant un droit humain fondamental, garanti par l’article 26 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et par les articles 32, 32.1, 32.2, 32.3 de la Constitution haïtienne de 1987, il est donc de l’obligation de l’État de créer les conditions nécessaires afin de permettre à tous les enfants d’avoir accès à l’éducation.

De plus, lors des attaques du groupe armé, des véhicules de la PNH sont confisqués, plusieurs dizaines de personnes sont tuées, blessées et portées disparues. Des corps sans vie, calcinés et abandonnés sur les voies publiques sont retrouvés, constituant des violations choquantes des droits humains avec des graves conséquences psychologiques sur la population en général et les enfants en particulier. Malgré l’ampleur et la nature de cette situation, on constate malheureusement l’indifférence des autorités haïtiennes. L’irresponsabilité semble devenir la norme de gouvernance dans le pays. Cependant, Haïti est signataire de nombreux traités relatifs aux droits humains, notamment le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP), la Convention relative aux Droits de l’Enfant, qui protègent, entre autres, les droits à la vie et à l’intégrité physique.

Face à cette situation particulièrement complexe, la Fondation « Zanmi Timoun » en appelle à l’État Haïtien et aux autorités concernées, pour prendre les mesures nécessaires afin d’assurer et de faciliter l’exercice des droits humains. L’État doit s’engager dans la mise en œuvre systématique d’une politique réelle de droits humains, notamment en matière de poursuite criminelle et de réparation pour les victimes de violations des droits humains. De plus, l’État haïtien doit fournir à la Police Nationale d’Haïti les moyens adéquats pour faire face aux bandes armées lors des affrontements, permettant ainsi un retour à la paix sur tout le territoire du pays.

 

Fait à Port-au-Prince, le 19 janvier 2024

 

Besnard FELIX

Responsable de Programmes d’intervention

et de réinsertion sociale

Tel : 3847 8918