33 ans depuis l’adoption de la Convention relative aux droits de l’Enfant, la Fondation « Zanmi Timoun » déplore la situation des enfants haïtiens
Le 20 novembre est la date retenue pour célébrer la journée internationale des droits de l’Enfant, créée par l’Assemblée générale des Nations Unies depuis 1989, et marquant l’adoption de la Convention relative aux droits de l’Enfant. Le thème retenu pour l’année 2022 est « l’inclusion, pour chaque enfant ». Cependant, le droit des enfants échouent dans la société haïtienne qui se dit caractérisée par l’affirmation des droits humains. Malgré la ratification de la convention depuis 1994 par l’État haïtien, les enfants peinent encore à jouir pleinement leurs droits dans cette société constamment en crise. De ce fait, la Fondation « Zanmi Timoun », organisme de défense et de promotion des droits de l’Enfant, plaide pour une société où chaque enfant sans aucune discrimination, fera l’objet d’une politique publique inclusive.
Depuis plus d’une décennie, les conjonctures socio-politique, économique, culturelle et sécuritaire du pays, détruisent la dignité et l’espoir des enfants et des jeunes, particulièrement ceux vivant dans les quartiers populaires et les sections communales. Leurs droits fondamentaux sont violés au quotidien : absence de soins médicaux de base ; système éducatif défaillant ; privation d’espace de jeunes ; sous-alimentation ; maltraitance ; absence de logement décent ; absence de sécurité et absence de protection pour les personnes déportées illégalement. Selon un rapport de l’aperçu des besoins (HMO) en 2021, environ 21 700 enfants haïtiens étaient soumis à la malnutrition aiguë contre 134 000 au cours de la même période de l’année précédente. Aussi l’année dernière, dans un rapport publié par le Fonds des Nations pour l’Enfance (UNICEF) à l’occasion de la journée internationale de l’Enfant, deux (2) enfants sur dix (10), âgés de 6 à 10 ans, ne fréquentaient pas l’école primaire. Aujourd’hui, la situation a empiré et pourrait susciter de grandes réflexions. En outre, les dirigeants haïtiens restent passifs face au rapatriement des migrants sur la frontière haitiano-dominicain, notamment des enfants non accompagnés, emprisonnés, assez souvent battus, enfermés dans des camions sans aération, dans des conditions deshumanisantes, et jetés sur la frontière.
Par ailleurs, la violence des bandes armées a provoqué le déplacement de milliers de familles qui survivent en dehors de tout logement. Lors des guerres de gangs, les enfants sont souvent les proies des bandits. Ils/elles ne sont pas non plus épargnés (es) des actes de kidnapping, de viol, et d’assassinat. L’absence confirmée de l’appareil judiciaire et la faiblesse des forces de l’ordre en particulier, favorisent en grande partie l’émergence des structures criminelles et la violation systématique de droits humains, notamment ceux des enfants. De ce fait, la Fondation « Zanmi Timoun » rappelle que malgré la signature et la ratification de la Convention relative aux droits de l’Enfant le 23 décembre 1994, le droit des enfants en Haïti reste indubitablement en danger et leur avenir hypothéqué.
En ce sens, la Fondation « Zanmi Timoun », collectif haïtien défendant les droits des enfants, recommande urgemment aux dirigeants actuels de l’État, que des mesures soient prises pour la protection des enfants haïtiens. De surcroît, que l’intérêt supérieur de l’Enfant soit réellement au centre de toutes décisions et actions.
Fait à Port-au-Prince, le 19 Novembre 2022
Joseph Richard FORTUNÉ
Responsable de Communication et de Plaidoyer
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