Note de presse

La Fondation « Zanmi Timoun » déplore les conditions non humanitaires auxquelles sont victimes les mineurs-res en situation de mobilité

Les rapatriements de migrants haïtiens dans des conditions infrahumaines se sont davantage intensifiés pour le début du deuxième semestre 2022. Faute d’avoir pu régulariser leur situation en territoire voisin, des milliers de migrants haïtiens continuent d’être expulsés de la République dominicaine. En plus des adultes constitués d’hommes, de femmes et de femmes enceintes entre autres, les enfants font eux aussi partie des principales victimes des rapatriements et des déportations des autorités dominicaines dans des conditions déshumanisantes.
Malgré ses nombreuses alertes sur la situation, la Fondation « Zanmi Timoun » constate depuis des mois que les enfants arrivent à la frontière de Belladère dans un état déplorable. Outre d’être mal nourris -selon les témoignages de bon nombre d’entre eux-, ils sont souvent à moitié vêtus, sales et privés de soins hygiéniques. De plus, la Fondation « Zanmi Timoun » a pu enregistrer plusieurs mineurs victimes de violence sur toutes ses formes dont des cas de viol, d’agressions physiques et verbales.
En effet, de juin à août 2022, 273 mineurs rapatriés et non accompagnés à la frontière de Belladère, dont 47 filles et 226 garçons, âgés de 5 à 17 ans, ont été accueillis et pris en charge au centre de transit de la Fondation « Zanmi Timoun » à Belladère. Parmi ces ENAs , la Fondation « Zanmi Timoun » a enregistré et assisté 3 filles-mineures victimes de viol et plus d’une dizaine de mineurs (garçons et filles) victimes d’agressions physiques. Les filles affirment être parfois violées par celui qui leur facilite le passage (les buscons) ou encore par leur tuteur de garde (celui avec qui elles vivent) en République dominicaine. Selon le témoignage des enfants, lors de leur interception, ils ont été brutalisés avant d’être arrêtés par les agents de l’immigration dominicaine. Ces derniers ne leur laissent pas le temps d’enfiler des vêtements propres, de faire ou de prendre quoi que ce soit d’autres.
Cela dit, les modalités de déportation et de rapatriement violent systématiquement les droits de ces enfants au regard de l’article 19 de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant, signée et ratifiée par les deux (2) pays, stipulant: « les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle […] ».
Grâce à ses partenariats avec l’Institut du Bien Être Social et de Recherches (IBESR) et le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF), la Fondation « Zanmi Timoun », organisme de promotion et de protection des droits de l’Enfant, poursuit sa mission de combattre les violences faites à l’égard des enfants en situation d’extrême vulnérabilité. Malgré la limite de ses interventions, elle s’engage donc à fournir un package de service humanitaire en vue d’améliorer les conditions de vie des enfants contenant: une assistance humanitaire (hébergement, nourriture, vêtements, kits d’hygiène…); une prise en charge psycho-sociale, un appui et suivis médicaux, un accompagnement économique aux familles des enfants victimes. Toutefois, ces interventions sont loin de répondre systématiquement aux besoins de ces enfants en situation d’urgence et de vulnérabilité. D’où la nécessité d’envisager une intervention globale en faveur des enfants rapatriés de la République Dominicaine par les autorités haïtiennes.
La Fondation « Zanmi Timoun » attire l’attention des principaux acteurs de protection de l’Enfance notamment les autorités étatiques compétentes sur la fragilité des enfants migrants au point frontalier Belladère-Elias Pinas. Elle exhorte donc les autorités gouvernementales en Haïti d’intervenir auprès de leurs homologues dominicains afin de revoir les modalités de rapatriement et de déportation, conformément au protocole d’accord de 1999 signé entre les deux (2) Etats, dans le strict respect des prescrits de la Convention Américaine des Droits de l’Homme qui interdit les déportations massives et la séparation des enfants de leurs parents.

Fait à Port-au-Prince, le 1er Septembre 2022

 

Joseph Richard FORTUNÉ
Responsable de Communication
Tél : 509 31 87 7363

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