Note de presse

La Fondation « Zanmi Timoun » condamne la déportation massive des enfants haïtiens dans des conditions infrahumaines sur la frontière Haitiano-dominicaine

Durant les trois derniers mois, allant d’avril à Juin 2023, la Fondation « Zanmi Timoun », observe une déportation massive des Haïtiens, incluant des enfants, sur la frontière Haïtiano-Dominicaine dans des conditions infrahumaines, soit 178 enfants non-accompagnés. Parallèlement, de nombreux enfants sont contraints de partir sans leurs parents en violation des lois nationales dominicaines et des conventions internationales ratifiées par l’État Dominicain. Les Haïtiens et les Haïtiennes rapatriés-es et déportés-es laissent chez eux, les membres de leur famille, ainsi que des activités socio-économiques. Dans ces situations, les enfants haïtiens et dominicains d’ascendance haïtienne font face au danger, à la précarité, à toutes formes de discriminations et ne sont certainement pas à l’abri de la violence.

En effet, des enfants se font déporter sans être accompagnés. Ils se font prendre en pleine rue, dans des supermarchés, dans leurs lieux de travail entre autres. Ces pratiques sont contraires aux deux conventions de l’Organisation Internationale du Travail relatives au travail des enfants. Il s’agit de la convention n° 138 de l’OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi et la convention n° 182 sur les pires formes du travail des enfants. Certains enfants sont emprisonnés où ils sont victimes de toutes formes de violences soit entre eux, soit par les autorités policières et de la migration dominicaine. Ils sont renvoyés en Haïti, sans avoir le temps d’informer leurs proches. Certains arrivent affamés depuis plusieurs jours, avec des habits indécents et souvent sans chaussures, sans aucun espoir de retrouver leurs parents.

La Fondation « Zanmi Timoun » rappelle aux autorités dominicaines et haïtiennes l’urgente nécessité de respecter le protocole binational sur les rapatriements entre les deux pays de l’Île d’Haïti, signé le 2 mars 1999. En outre, il existe le Pacte Mondial pour les migrations, acte adopté lors d’une conférence intergouvernementale qui a eu lieu à Marrakech, au Maroc, en décembre 2018, reconnaissant que les enfants sont au cœur de la gestion des migrations et doivent être traités différemment. Il faut noter que les enfants en déplacement sont avant tout des enfants et ont des droits spécifiques garantis par la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant de 1989. Ils nécessitent des prises en charge spécifiques. Par ailleurs, ils méritent d’être protégés, de recevoir des soins et de bénéficier du soutien et des services nécessaires pour leur épanouissement et leur réinsertion.

Fort de ces constats, la Fondation « Zanmi Timoun », exhorte les deux États (Haïtien et Dominicain), à prendre les mesures nécessaires pour la protection des enfants. Des actions efficaces pour pallier ce fléau interminable pour la cohésion sociale de notre pays sont à mettre en exécution. Le renforcement des infrastructures dans les zones frontalières est à encourager du côté haïtien en vue d’un meilleur accueil des enfants rapatriés et déportés de la République Dominicaine sur la frontière. La Fondation « Zanmi Timoun » encourage également les gouvernements haïtien et dominicain à mettre tout en œuvre pour éviter des cas d’apatridie dans les zones frontalières des deux pays.

Fait à Port-au-Prince, le 27 juin 2023

Besnard FELIX
Responsable d’Assistance Psychologique
Tél. : +509 3847 8918 / 4186 3815