Journée mondiale de la santé mentale : La Fondation « Zanmi Timoun » invite les acteurs politiques à réfléchir aux conséquences de la crise politique sur la santé mentale des enfants en Haïti
La journée du 10 octobre a été consacrée à l’éducation et à la sensibilisation du public sur la santé mentale, cette année l’emphase est portée sur le milieu de vie comme lieu de soin et espace soignant en cela que le thème retenu est : Ma planète, ma santé mentale. La Fondation « Zanmi Timoun », organisme de défense et de promotion des droits de l’enfant, profite de cette circonstance pour faire un rappel à l’État haïtien et informer la population des possibles conséquences de l’instabilité sociopolitique du pays sur la santé mentale des habitants, plus particulièrement des enfants. En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé mentale comme un état de bien être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté.
Alors qu’en Haïti, la population vit depuis tantôt cinq (5) ans dans une instabilité politique et une crise socioéconomique qui ont entrainé des mouvements populaires dans les dix départements du pays. Des pénuries de carburants répétées, des affrontements de gangs armés, des kidnappings, des massacres sur la population civile, des déplacements de familles et de communautés sont entre autres les résultats de ces crises qui affectent considérablement les enfants et les jeunes adolescents et adolescentes. Ajouté à cela, la population se retrouve, depuis l’assassinat tragique du Président Jovenel MOISE par des mercenaires locaux et étrangers, dans une instabilité politique où les appareils de l’État sont dysfonctionnels. La démocratie, l’État de droit et les droits humains sont en reculs.
La littérature scientifique souligne que le contexte socio-psychologique a une importance majeure dans l’apparition de certains troubles, en particulier la dépression. Cette dernière, dont la population commence à s’informer davantage auprès des professionnels du milieu, est une maladie mentale pouvant conduire au suicide dont les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont révélé en 2002 que 154 millions de personnes dans le monde en souffraient.
Par ailleurs, une enquête de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique révèle en septembre 2022 que 61% des personnes atteintes de maladies mentales sont âgées de moins de 25 ans. Pourtant, le pays ne dispose d’aucun centre spécialisé pouvant accueillir et prendre en charge les adultes, encore moins les enfants qui souffrent de maladies mentales.
Prenant faits et causes, la Fondation « Zanmi Timoun » presse l’État haïtien de prendre toutes les mesures nécessaires pour endiguer cette crise multidimensionnelle afin de faciliter un environnement favorable à une santé mentale équilibrée et inclusive. Une attention particulière doit être portée aux enfants et aux jeunes qui assistent, quand ils ne sont pas contraints par des moyens physiques ou psychologiques de participer, à longueur de journée à des fusillades, des incendiées (des personnes et des biens), des cas de séquestration, de pillages, de viols et de braquages. De plus, des établissements scolaires et universitaires restent fermés faute de sécurité et de protection du gouvernement de la République, qui a totalement failli à sa mission de protéger les droits de la personne humaine.
La Fondation « Zanmi Timoun » lance un appel à la concertation et à l’initiative pour la protection de la jeunesse du pays. Les acteurs politiques, économiques, sociaux et religieux doivent se rappeler que les enfants qui assurent la relève dans le pays font partie des principales victimes de leurs mauvaises politiques et de leur insouciance quant au bien-être collectif. Elle invite les acteurs de la société civile à poser des actions concrètes pour forcer les dirigeants et les dirigeantes du pays à prendre des mesures concrètes pour la sécurité humaine dans le pays en général et la protection des enfants en particulier.
Fait à Port-au-Prince, le 10 octobre 2021
Joseph Richard FORTUNE
Responsable de communication et plaidoyer
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