Note de presse

Déportation des haïtiens de la République Dominicaine : La Fondation « Zanmi Timoun » demande aux autorités dominicaines d’arrêter les déportations des enfants

L’effondrement durant ces dix (10) dernières années des structures des institutions de l’État haïtien a entrainé en tout état de cause un ensemble de crises qui s’ouvrent largement à de graves problèmes existentiels de la population et de violations de droits humains. Les crises migratoires qui resurgissent ces jours-ci affectant des milliers ressortissants haïtiens/nes, sont entre autres une conséquence de cette défaillance institutionnelle. Les enfants et les femmes sont particulières affectés en violation de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant par l’État dominicain.

En effet, la Fondation « Zanmi Timoun » constate depuis quelques semaines un déferlement déchainé de déportations des migrants haïtiens en République Dominicaine dans des conditions qui ne respectent pas la dignité humaine. Ainsi, en date du 10 novembre 2021, les autorités dominicaines ont déporté sur la frontière de Belladère 47 femmes enceintes, dont deux (2) femmes fraichement accouchées et deux (2) mineurs non accompagnés. À la première semaine du mois de novembre 2021, des centaines de personnes ont été déportées à la frontalière de Belladère et de Ouanaminthe. Les témoignages recueillis par les agents de la Fondation « Zanmi Timoun » et l’Institut du Bien Être Social et de Recherches (IBESR), sur place à la frontière, sont très accablants et montrent les conditions d’interpellation et de déportation sont dégradantes. Certaines personnes rapatriées ont dit avoir été victimes de bastonnade par les soldats dominicains, dépossédés de leurs effets personnels et certaines femmes ont subi des agressions sexuelles. Une situation qui a soulevé la colère de plusieurs organisations travaillant sur la frontière de Belladère dans le domaine de rapatriement, dont la Fondation « Zanmi Timoun ».

La Fondation « Zanmi Timoun » croit qu’il est urgent de signaler et d’attirer l’attention des autorités haïtiennes sur la nécessité de prendre en charge les enfants non accompagnés déportés de la République Dominicaine sur la frontière de Belladère par le Conseil national pour les enfants et les adolescents, en espagnol : « Consejo Nacional para la Ninez y la Adolescencia (CONANI) ». De janvier à octobre 2021, 214 petits garçons et 49 petites filles non accompagnés sont déportés dans des points officiels et 84 petits garçons dans des points non officiels, par les autorités dominicaines.

Tenant compte de la situation désastreuse de l’économie du pays, de la misère et de l’instabilité politique associé à l’insécurité grandissante qui décapitalise bien des familles, ces déportations ne respectent pas les principes humanitaires et les conventions relatives aux droits humains. Signalons que les haïtiens et les haïtiennes sont obligées de fuir le pays, pour se rendre soit en Amérique Latine, soit en République Dominicaine ou dans d’autres pays de la Caraïbe, en quête de mieux être. Par ailleurs, tout porte à croire que la remontée des vagues de déportations des migrants haïtiens par les autorités de la République Dominicaine, en dehors des normes internationales requises, est liée plus à des raisons politiques que migratoires. Historiquement, l’anti-haitianisme a toujours été alimenté par les autorités de la terre voisine.

Fort de cela, la Fondation « Zanmi Timoun » organisme de défense et de Promotion des droits humains, notamment ceux des enfants demande à l’État haïtien de se pencher réellement sur la façon que se fait les déportations des enfants haïtiens.

La Fondation « Zanmi Timoun » demande au gouvernement de la République Dominicaine de respecter les lois nationales sur la migration, le protocole d’accord signé avec le gouvernement haïtien sur le rapatriement, en mars 1999 et aussi de respecter les prescrits de la convention américaine des droits de l’Homme qui interdise les déportations collectives.

Fait à Port-au-Prince, le 16 novembre 2021

Joseph Richard FORTUNE
Responsable de communication
(509) 3187 7363